Page:Œuvres de Blaise Pascal, II.djvu/130

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UA ŒUVRES

la lumière des astres, et ajuster leurs mouvements. S y tel estoit mon discours et mon sentiment, que diriez-vous ? Or, tout ainsy que les naturalistes croyent avoir assez de preuves et de raisons phisiques pour asseurer que ces grands espaces sont remplis d'un corps impénétrable et mobille, quoy qu'ils n'ayent pour cela aucune démonstra- tion mathématique ; de mesme, quoy que je n'aye point de semblables convixions, je pense neantmoins avoir assez de preuves naturelles pour dire que par les pores du verre passe et entre dans le verre une matière qui s'ap- pelle air subtil.

Venons aux expériences, qui me font servir de vos termes, et dire simplement que mon sentiment est que l'air subtilentre par les pores du verre\ . .Et comme ces pores sont forts petits, l'air qui les remplit doit estre fort subtil et sé- paré du plus grossier, et dans son meslange doibt avoir moins de terre et moins d'eau. Que dans ce tout que nous appelons air, il y ayt de la terre, nous l'expérimentons en hyver, dans un froid sec : les mains exposées à l'air, contractent une crasse composée de ces petits atomes terrestres qui le remplissent et le refroidissent : que dans ce mesme tout il y ayt de l'eau, cela se veoit manifestement en la cane à vent dont elle sort, quand vous la chargez avec vitesse ; qu'il y ait aussy du feu élémentaire, c'est à dire, de ce feu qui, pour sa petitesse et sa raretté, est invisible, et par suitte fort différend de la flame et du charbon allumé qui est entouré d'estin- celles ou petites fiâmes qui s'esteignent dans Feau, et non pas le feu élémentaire incorruptible ; qu'il y ait.

��I. Le manuscrit continue par ces mots : N'est pas sans air qui soit /confondu dans ses pores, et après un blanc, mobille par ce tremouslc- ment qui est ou faict le son.

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