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vement est plus grand, et de plus de parties qui roulent les unes sur les autres ; et plus grand est le mouvement, plus grande est la séparation de l'air et de l'eau.

Ces roulades ne sont pas sensibles, mais la raison nous les aprend par cet axiome, que le mouvement d'un corps arresté par l'une de ses parties, et meu par les autres, tient du circulaire. Ostez ce mouvement acciden- taire des parties de Tair, et consequemment des parties de l'eau, l'air et l'eau reprennent leur meslange naturel ; et par ce meslange, l'eau s'enfle, tient plus de place, et semble monter. Si l'eau descend effectivement sans que l'air s'en sépare, nous dirons probablement que les esprits ignez entrent dans le thermomettre, et que quelques autres en sortent ; car je suis l'oppinion de ceux qui veul- lent qu'un corps simple occuppe tousjours un mesme espace dans le monde, jamais ny plus grand ny plus petit ; autrement il y auroit ou de la pénétration des corps, ou du vuide : pénétration, s'il occupoit une plus grande place ; du vuide, s'il en tenoit une plus petite : ainsy, ou le monde regorgeroit, ou ne seroit pas tous- jours plain. On ne peut pas nier qu'entre les corps sim- ples, il n'y en ayt de plus rares, qui, avec pareil nombre d'atosmes sensibles, tiennent plus de place, et de plus denses qui en tiennent moins : le feu élémentaire est, de sa nature, plus rare et moins dense que la terre, et la terre, de sa nature, plus dense et moins rare que le feu élémentaire : le feu simple jamais moins rare, la terre simple jamais moins dense ; les mixtes sont plus ou moins rares, plus ou moins denses, selon qu'ils sont plus ou moins participans du feu ou de la terre ; d'où s'ensuit que le corps meslé de terre ou de feu est en partie dense, en partie rare : si vous lui ostez de son feu, ou luy donnez de la terre, vous le condensez ; ou si vous dimi-

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