fussent demeurés dans cette retenue de n’oser rien adjouster aux cognoissances qu’ils avaient receues, et que ceux de leur temps eussent fait la mesme difficulté de recevoir les nouveautés qu’ils leur offroient, ils se seroient privés eux mesmes et leur postérité du fruict de leurs inventions. Comme ils ne se sont servis de celles qui leur avoient esté laissées que comme de moyens pour en avoir de nouvelles, et que cette heureuse hardiesse leur avoit ouvert le chemin aux grandes choses, nous devons prendre celles qu’ils nous ont acquises de la mesme sorte, et à leur exemple en faire les moyens et non pas la fin de notre estude, et ainsi tascher de les surpasser en les imitant. Car qu’y a il de plus injuste que de traitter nos anciens avec plus de retenue qu’ils n’ont faict ceux qui les ont precedés, et d’avoir pour eux ce respect inviolable qu’ils n’ont merité de nous que
1888, p. 24, no 2, la note suivante : « cf. Apologie pour Hérodote, avec introduction et notes, par P. Ristelhuber. Paris, 1879, 2 vol. gr. in-8, t. I, p. 53, chapitre iii. Comment il nous appert qu’aucuns ont beaucoup et par trop deferé à l’antiquité, les autres au contraire l’ont eue en trop grand mespris. » Dans son étude sur Louis Le Roy, de Coutances, (1896), M. Becker a montré que les dernières pages du livre de la Vicissitude paru en 1677, contiennent plus d’un passage qui fait songer à Pascal (p. 275–277). Voici, entre autres, un texte intéressant : « Et ne soyons pas si simples d’attribuer tant aux anciens, que les croyions avoir tout sçu et tout dit, sans rien laisser à dire à ceulx qui viendroient aprez eux. Ils n’ont esté si arrogants de vouloir qu’on ne touchast aux mastieres qu’ils avoient traictées… S’ils en eussent ainsy usé, se proposans de n’escrire ou dire sinon ce qui avoit esté escrit, ou dit autresfois, nul art n’eust esté inventé et tous fussent demeurez en leurs commencemens… Il est donc raisonnable d’appliquer l’industrie à la recherche de la verité comme ils ont faict, et d’essayer d’augmenter la doctrine des precedens, sans s’asservir tant à l’antiquité. »