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Page:Œuvres de Blaise Pascal, II.djvu/264

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248 ŒUVRES

Nous avons plusieurs fois commencé à t'ecrire, mais j'en ay esté retenu par l'exemple et parles dis- cours ou, si tu veux, par les rebuffades que tu sçais, mais après nous en estre esclaircis tant que nous avons peu, je croy que, s'il faut y apporter quelque circonspection, et s'il y a des occasions où l'on ne doit pas parler de ces choses, nous en sommes dis- pensés ; car comme nous ne doutons point l'un de l'autre, et que nous sommes comme asseurés mutuel- lement que nous n'avons dans tous ces discours que la gloire de Dieu pour objet, et presque point de com- munication hors de nous mesmes, je ne voys point que nous puissions avoir de scrupule, tant qu'il nous donnera ces sentiments. Si nous adjoustons à ces con- sidérations celle de l'alliance que la nature a faite entre nous, et à cette dernière celle que la grâce y a faite, je crois que, bien loin d'y trouver une défense, nous y trouverons une obligation ; car je trouve que notre bonheur a été si grand, d'estre unis de la der- nière sorte, que nous nous devons unir pour le re- connoistre et pour nous en réjouir. Car il faut ad vouer que c'est proprement depuis ce temps (que M. de Saint-Cyran veut qu'on appelle le commencement de la vie) que nous devons nous considérer comme vé- ritablement parents, et qu'il a plu à Dieu de nous joindre aussi bien dans son nouveau monde par l'es- prit, comme il avoit fait dans le terrestre par la chair.

Nous te prions qu'il n'y ait point de jour où tu ne le repasses en ta mémoire, et de reconnoistre sou- vent la conduite dont Dieu s'est servy en cette ren-

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