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PREMIÈRE NARRATION DE ROBERVAL SUR LE VIDE

Quant aux deux derniers ordres de questions, la base de la discussion était fournie par la lettre de Torricelli à Ricci, datée de Florence, 11 juin 1644.

Au mercure qui s'est élevé dans le tube fait équilibre le cylindrus aëreus, la colonne d'air : « Nous vivons, écrivait Torricelli, submergés au fond d'un océan d'air élémentaire et nous savons par des expériences indubitables que l'air est pesant[1], et même que cet air qui est le plus grossier au voisinage de la surface de la terre pèse environ 1/400 du poids de l'eau. D'autre part les auteurs qui ont parlé du crépuscule ont observé que l'air chargé de vapeurs et visible s'élève au-dessus de nous à près de 50 ou 54 milles, ce que je crois exagéré, parce que je pourrais montrer que le vide devrait faire alors beaucoup plus de résistance qu'il ne fait ; mais ils ont une échap-

    apparuit muscam in tubo [aëre] vacuo vivere, ut ut mercurio diversis vicibus involuta fuerit, sed in eo cadere, non autem volare », Dans sa seconde Préface, il donne des détails sur de nouvelles expériences : les mouches ne sont que dans un état de mort apparente ; mais les souris expirent, sans que la rentrée de l'air puisse les ranimer : « unde discrimen licet inter infecta, et perfecta animalia ». — A quoi il ajoute enfin dans le Liber novus prœîasorias, écrit en i648 : « Omitto avicu- las paulo diutius in vacuo, quam muscas, aut mures vivere ; quod testatur majorem aëris quantitatem in illarum pulmonibus, vel eas firmiore vita constare. » Il faut remarquer que Gassendi attribue l'idée de ces expé- riences à Roberval en même temps qu'à Mersenne : indefesso Mersennio præclaroque Robervallio. » Gassendi, Animadversiones, p. 431; Œuvres, édit. de Lyon, 1658, t. I, p. 206. Nous y retrouverons en effet une allusion dans les deux narrations à des Noyers. Vide infra, p. 31 et p. 310.

  1. Cf. Aristarchii Samii de Mundi Sjstemate, 1644, p. 11, réim- primé par Mersenne, Novarum. observationum tomum III, p. 5 : « Inde autem fortassis pendet tam obstinata fuga vacui quam in his Elementis continuo experimur », et la conséquence que Mersenne en tire dans le corps de son propre ouvrage pour l'explication de l'expérience de Torricelli (cap. ult., p. 220), avec rappel, à la troisième page de sa seconde Préface (Vide infra, p. 151).