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Page:Œuvres de Blaise Pascal, II.djvu/360

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344 ŒUVRES

tesmoinque je crois avoir fait mon devoir d'en user ainsy, et que ce je vous en dis n'est que pour vous faire comprendre que toutes mes maximes me portent à ne rien entre- prendre d'important que par votre consentement, et queja- mais il ne m'arrivera de vous fascher, s'il m'est possible. Je prie Dieu de vous l'imprimer aussi bien dans la pensée qu'il l'est dans mon cœur. Apres cela, mon père, je ne doute plus que vous ne me fassiez l'honneur de me croire et que vous ne m'accordiez ma demande. L'affection avec laquelle je la souhaitte fait que je n'ose vous la dire sans des préparations qui vous feront sans doute penser que c'est quelque chose de conséquence. Elle ne l'est pour- tant nullement, et si peu que, connoissant enmoy le dessein de vous obeïr, en quelque lieu que je sois, avec la mesme exactitude que j'ay fait jusqu'icy, et que d'ailleurs la chose presse, je crois que, sans vous offenser en rien, (et je serois bien faschée d'en avoir eu seulement la pensée), j'eusse pu le faire devant que de vous en parler ; n'eust esté que vous en eussiez esté surpris, et que, comme c'est l'image d'un plus grand engagement, cela eust pu vous estonner de l'avoir fait sans vostre aveu, et vous l'eus- siez peut estre pris pour une image de désobéissance.

Vous sçaurez donc, mon père, s'il vous plaist, et je crois bien que vous en estes desja instruit, que c'est une chose ordinaire parmi les personnes de toutes sortes de conditions, engagées dans le monde ou non, lesquelles ont quelque soin d'elles mesmes, de faire à presque toutes les bonnes festes, et souvent aussi en d'autres temps, (c'est le directeur qui en juge), quinze jours ou trois semaines de retraitte dans une maison religieuse oii l'on s'enferme par la permission de la supérieure, pour ne s'entretenir qu'avec Dieu seul, parmy des personnes qui ne soyent qu'à luy. C'est pour quoy ceux qui sont le plus

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