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Page:Œuvres de Blaise Pascal, II.djvu/400

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380 ŒUVRES

comme dans les bienheureux Dieu renouvelle conti- nuellement leur béatitude, qui est un effet et une suite de la grâce, comme aussy l'Eglise tient que le Père produit continuellement le Fils et maintient l'éternité de son essence par une effusion de sa sub- stance qui est sans interruption aussy bien que sans fin.

Ainsy la continuation de la justice des fidèles n'est autre chose que la continuation de l'infusion de la grâce, et non pas une seule grâce qui subsiste tous- jours ; et c'est ce qui nous apprend parfaitement la dépendance perpétuelle où nous sommes de la mi- séricorde de Dieu, puis que, s'il en interrompt tant soit peu le cours, la sécheresse survient nécessaire- ment. Dans cette nécessité, ilestaysé de voir qu'il faut continuellement faire de nouveaux efforts pour acquérir cette nouveauté continuelle d'esprit, puis- qu'on ne peut conserver la grâce ancienne que par l'acquisition d'une nouvelle grâce, et qu'autrement on perdra celle qu'on pensera retenir, comme ceux qui, voulant renfermer la lumière, n'enferment que des ténèbres. Ainsy, nous devons veiller à purifier sans cesse l'intérieur, qui se salit tousjours de nou- velles taches en retenant aussy les anciennes, puisque sans le renouvellement assidu on n'est pas capable de recevoir ce vin nouveau qui ne sera point mis en vieux vaisseaux \

C'est pour quoy tu ne dois pas craindre de nous

I. Matth. IX, 17: Neque miltunt vinum novum in utresveteres.

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