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428 ŒUVRES

vostre cœur, encore que vos sens y répugnent; ou bien il ne faudroit plus que vous disiez vostre Pater, où l'on demande à Dieu que sa volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Cette demande enferme le renoncement à toutes les volon- tez que nous pouvons avoir qui ne sont pas conformes à celle de Dieu. Je crois aussy, ma chère sœur, que vous ne voudriez pas que les choses allassent autrement que Dieu ne l'ordonne, puisque ce ne sera pas la religion qui vous rendra telle que Dieu vous désire, mais la volonté de Dieu qui vous fera estre religieuse au temps qu'il a déter- miné pour cela, lequel vous devez ignorer, comme ces heureux moments que Nostre Seigneur disoit à ses apostres que le Seigneur avoit mis en sa puissance.

« Je suis bien aise que vous ayez prévenu le sentiment de M. Singlin : vous devez haïr ce génie et les autres qui sont peut estre cause que le monde vous retient ; car il veut recueillir ce qu'il a semé. Nostre Seigneur fera de mesme quand il luy plaira ; il demandera le fruit de la divine se- mence qu'il a jetée dans vostre cœur, qui se sera beaucoup multipliée par la patience. C'est tout ce qu'il vous demande pour le présent. »

III. lôaoust 1650.

« Pour ce que vous demandez, vous verrez vous mesme ce qui sera le mieux ; il est difficile de vous donner conseil là dessus, sinon, en gênerai, qu'il ne faut rien aigrir, ni aussy rien ramollir, mais imiter la sagesse de Dieu, qui dispose toutes choses avec force et suavité.

« Pour ce qui est de cette personne, il me semble que cela va bien lentement, et que c'est peu d'avoir l'esprit persuadé, ^i Dieu en mesme temps ne s'empare de son cœur, pour luy faire haïr ce qu'elle a aymé et la séparer d'une vie toute mondaine.

a Ne nous faites plus tant d'honneur et de déférence, je vous en supplie ; nous n'usons point céans du mot de Révé- rende ; l'on dit simplement : ma mère, et moy je dis, avec plus de vérité que de cérémonie, que je suis... »

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