Page:Œuvres de Blaise Pascal, II.djvu/483

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ECRIT DE JACQUELINE PASCAL 463-

j'apprends de là qu'après avoir fait mourir en moy la chair, et avec elle toutes les passions qui ^sont sa vie comme la charité est la vie de l'ame, il faut encore percer sur tout A principale et celle où residoit plus particulièrement cette vie de la chair, quoy que je ne sente plus qu'elle ait aucune vie, et que je dois, par des mortifications continuelles, tascher de l'estouffer comme si elle ne l'estoit pas desja, afin que pratiquant tout ce qui luy est le plus contraire, je forme moyennant la grâce de Dieu une habitude qu passant en naturel soit la mort véritable à mon égard,, et soit comme la playe du cœur de mon Sauveur après la- quelle il ne pouvoit plus vivre naturellement : afin que par cette playe sortent tous les restes de la foiblesse et de la force humaine, qui ne servent qu'à me rendre incapable du bien et capable du mal lequel residoit dans ce cœur et qui, par un prodige funeste, reste encore en nous après estre mortz au monde. Et il faut sans cesse rouvrir cette playe, afin qu'elle ne se referme jamais tout à fait.

XXVIII

Je vois Jésus mort en trois lieux différents : à la croix, à la veiie de tout le monde ; descendu de la croix, au milieu de ses amis ; et dans les tombeaux dans une entière solitude.

Cela m'apprend qu'en quelque estât que je me puisse trouver, de conversation ou de solitude, je dois tousjours estre morte au monde, aussi bien en l'un comme en l'autre.

��Faug. donne font, qui paraît une faute de copie.

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