fourny, je vous conjure de vouloir donner au mien l’espace d’un quart d’heure seulement, et que vous ayez agréable que cette Lettre que je vous escris soit randuë aussi publique que les Theses que vous avez receuës.
Pour vous esclaircir pleinement de tout ce desmelé, vous remarquerez, s’il vous plaist, Monsieur, que ce bon Pere vous a fait entendre deux choses : l’une, que je m’estois dit l’Auteur de l’expérience de Toricelli ; l’autre, que je ne l’avois faite en Normandie qu’après qu’elle avoit esté faite en Pologne.
Si ce bon Père avoit dessein de m’imposer quelque chose, il pouvoit avoir fait un choix plus heureux. Car il y a de certaines calomnies, dont il est difficile de prouver la fausseté, au lieu qu’il se rencontre icy mal’heureusement pour luy, que j’ay en main de quoy ruiner si certainement tout ce qu’il a avancé, que vous ne pourrez, sans un extrême estonnement, considérer d’une mesme veuë la hardiesse avec laquelle il a débité ses suppositions, et la certitude que je vous donneray du contraire.
C’est ce que vous verrez sur l’un et sur l’autre de ces deux poincts, s’il vous plaist d’en prendre la patience.
Le premier poinct donc est qu’il m’accuse de m’estre fait Auteur de l’Expérience de Toricelli. Pour vous satisfaire sur ce poinct, il suffiroit, Monsieur, de vous dire en un mot, que toutes les fois que l’occasion s’en est présentée, je n’ay jamais manqué de dire que cette Expérience est venue d’Italie, et qu’elle est de l’invention de Toricelli.