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Page:Œuvres de Blaise Pascal, II.djvu/514

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ŒUVRES

luy pardonner cette offence, et je l’en prie d’aussi bon cœur que je la luy pardonne moy mesme ; et je supplie tous ceux qui en ont esté tesmoins, et vous-mesmes, Monsieur, de la luy pardonner pareillement.

Maintenant, Monsieur, sans plus parler de tout ce différend, que je veux oublier, je vous acheveray la suitte de cette histoire ; et vous diray que dés l’année 1647 nous fusmes advertis d’une très belle pensée qu’eust Toricelli, touchant la cause de tous les effetz qu’on a jusqu’à présent attribués à l’horreur du vuide. Mais comme ce n’estoit qu’une simple conjecture, et dont on n’avoit aucune preuve pour en recognoistre ou la vérité, ou la fausseté, je meditay dés-lors une Experience que vous sçavez avoir esté faite en 1648. par Monsieur Perier au haut et au bas du Puy de Domme, dont on a aussi envoyé des exemplaires de toutes parts, où elle a esté receuë avec joye, comme elle avoit esté attendue avec impatience.

Il est véritable, Monsieur, et je vous le dis hardiment, que cette Experience est de mon invention ; et partant, je puis dire que la nouvelle cognoissance qu’elle nous a descouverte, est entièrement de moy[1].

Les conséquences en sont très belles et très utiles. Je ne m’arresteray pas à les desduire en ce lieu, es-

  1. C’est tout-à-fait gratuitement, et pour répondre à leur propre préoccupation, que les historiens de Pascal ont vu dans cette phrase une allusion aux réclamations de Descartes. Il est clair, par le contexte, que si Pascal revendique ici l’invention de l’expérience du Puy-de-Dôme, c’est que l’on sait à Clermont qu’elle a été exécutée par Florin Perier et ses amis. Et en effet, comme le remarque M. Mathieu (Revue de Paris, 1er mai 1906, p. 194), elle est assez souvent désignée dans les écrits du xviie siècle sous le nom d’expérience de Perier.