Page:Œuvres de Blaise Pascal, II.djvu/554

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S34 OEUVRES

tions soîîdes, et que vous les trouvez en la vue de Jesu» Christ crucifié et délaissé de son père éternel, après quoy il est juste que nous souffrions qu'il nous retire les nostres, et que nous disions ensuitte avec Jésus Christ : Que la volonté de Dieu soit faite et non pas la nostre. Vous eussiez bien eu le courage de quitter ce bon père, s'il eust voulu vous le permettre, pour vous donner à Dieu ; et II a ordonné que ce seroit luy qui vous quitteroit, qui est un sacrifice plus rude que celuy que vous vous estiez proposé, et auquel II vous oblige de recourir deux fois et en sa personne et en la vostre. Je sçay, ma chère sœur, que vous estes trop à Dieu pour luy manquer de soumission en cette occasion qui vous est si importante et si unique. C'est pourquoy je le suplie de vous imprimer dans le cœur ces paroles du prophète : Je me suis iea et nay pas ouvert la bouche, parce que c'est vous^ mon Dieu, qui lavez faici. Ce sera dans ce silence que vous serez escoutée de Dieu, pour Luy demander miséricorde pour celuy que vous regrettez. Nous vous accompagnerons dans ce devoir autant qu'il nous sera possible, puis que Dieu nous a rendue,

ma très chère sœur,

vostre très humble et très affectionnée servante,

S^ Agnès, R«« ind. « Nostre Mère m'a commandé de vous asszurer de la part qu'elle prend à votre douleur, et qu'elle ne manque pas de vous offrir à Dieu, afin que vous la portiez comme il faut pour rendre à Dieu ce que vous luy devez, et pour servir en sa présence celuy qui est le subject de votre afflic- tion. »

II

La lettre sur la mort de M. Pascal est connue par deux manuscrits de la Bibliothèque Nationale que Victor Cousin a utilisés pour la publication du texte : le manuscrit i6o de l'Oratoire f. fr. 20945, et le Recueil de Mlle Perier, f. fr. 12988. L'un et l'autre donnent leur texte comme

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