Ma très chere sœur[1],
J’ay différé à t’escrire parce que je voulois te mander tout au long l’entrevëue de Mr Descartes et de mon frere, et je n’eus le loisir hier de te dire que dimanche au soir Mr Habert vint icy accompagné de Mr de Monligny, de Bretagne, qui me venoit dire au deffaut de mon frere qui estoit à l’Eglise, que M. Descartes, son compatriote et intime amy, luy avoit fort tesmoigné avoir envie de voir mon frere, à cause de la grande estime qu’il avoit tousjours ouy faire de M. mon père et de luy, et que pour cet effet il l’avoit prié de venir voir s’il n’incommoderoit point mon frere, par ce qu’il sçavoit qu’il estoit malade, en venant céans le lendemain à neuf heures du matin. Quand Mr de Montigny me proposa cela, je fus assez empeschée de respondre, à cause que je sçavois qu’il a peine à se
- ↑ Suscription et date données par Faugère, Lettres, Opuscules, etc. d’après le second recueil du père Guerrier.