fussent à l’espreuve de toutes les objections qu’on y pourroit faire ; et j’en fis au commencement de cette annee un grand nombre, dont il y en a qui ont quelque rapport avec celle d’Italie, et d’autres qui en sont entierement esloignees, et n’ont rien de commun avec elle, et elles ont esté si exactes et si heureuses, que j’ay montré par leur moyen, qu’un vaisseau si grand qu’on le pourra le faire, peut estre rendu vuide de toutes les matières qui tombent sous les sens, et qui sont connuës dans la Nature ; et quelle force est necessaire pour faire admettre ce vuide. C’est aussi par là que j’ay esprouvé la hauteur nécessaire à un siphon, pour faire l’effet qu’on en attend, apres laquelle hauteur limitée, il n’agit plus, contre l’opinion si universellement receuë dans le monde durant tant de siecles9, comme aussi le peu de force necessaire pour attirer le piston d’une syringue, sans qu’il y succede aucune matiere, et beaucoup d’autres choses que vous verrez dans l’ouvrage entier, dans lequel
9. Dans un manuscrit de Roberval intitulé : Traité de Mechanique et spécialement de la conduite et elevation des eaux (Bibl. nat., mss. f. lat. 7226), M. Duhem a signalé le curieux passage suivant, fo 176 verso : « Et quoyque par ce moyen [par un syphon] il semble qu’on peut faire passer l’eau par une haute montaigne, touttefois on se souviendra qu’une telle conduitte d’eau est impossible aux lieux plus haults que 32 pieds de France, et qu’un peu au dessoubs de 32 pieds, elle est fort mal asservie par deux raisons. La premiere qu’il est fort difficile que le syphon soit si bien soudé que l’air n’y trouve bientost passage, et par ce moyen le syphon s’emplissant d’air, l’eau ne coule plus. L’autre raison est qu’en une grande hauteur, il faut un syphon trop hault, ainsy il est subject à crever. » Les origines de la Statique, t. II, 1906, p. 207. Cf. supra, p. 33, et la Conclusion des Traités publiés en 1663 avec la note sur Salomon de Caus (t. III, p. 261, n. 1).