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Page:Œuvres de Blaise Pascal, II.djvu/78

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consequent il ne pourroit pas rapporter avec l’exacteté et l’ordre necessaire pour les déduire comme il faut : n’y ayant personne qui ait eu des tuyaux et des siphons de la longueur des miens ; et peu qui voulussent se donner la peine nécessaire pour en avoir12.

Et comme les honnestes gens13 joignent à l’inclination generale qu’ont tous les hommes de se maintenir dans leurs justes possessions, celle de refuser l’honneur qui ne leur est pas deu, vous approuverez sans doute, que je me defende également, et de ceux qui voudroient m’oster quelques-unes des experiences que je vous donne icy, et que je vous promets dans le Traicté entier, puis qu’elles sont de mon invention ; et de ceux qui m’attribuëroient celle d’Italie dont je vous ay parlé, puis qu’elle n’en est pas. Car encore que je l’aye faite en plus de façons qu’aucun autre, et avec des tuyaux de douze et mesme de quinze pieds de long, neanmoins je n’en parleray pas seulement dans ces escrits, parce que je


12. En demandant un privilége pour la Machine arithmétique, Pascal rappellera de même les « essais, auxquels il a employé beaucoup de temps et de frais ». Vide infra, p. 402 ; cf. I, 301.

13. Au sens de gens probes qui est le sens actuel. Pascal apprendra plus tard la signification raffinée que les précieux donnaient à l’expression, il fera dans les Pensées la théorie de l'honnête homme selon Méré (cf. Section I, fr. 34-38). Pour saisir d’un coup d’œil la différence des deux acceptions, il suffit de rapprocher ce vers de Boileau (Épitre V) :

L’argent en honnête homme érige un scélérat

et cette réflexion de La Rochefoucauld, M. 353 : « Un honnête homme peut être amoureux comme un fou, mais non pas comme un sot. »