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RELATION DE JACQUELINE PASCAL 87

ensemble, pour accroistre le bien de la Maison et avoir l'avantage d'y avoir beaucoup porté ; et me représenta si fortement les sentimens que l'esprit de pauvreté devoit m'inspirer en cette* rencontre que je fus contrainte par obeïssance et par scrupule de laisser toutes choses à la discrétion de mon parent. A la fin, tout estant conclu, la surveille de ma profession dont le jour estoit pris il y avoit longtemps, sans avoir égard en quel estât estoit l'affaire, et ne restant plus qu'à signer de part et d'autre, je vins supplier notre Mère de se rendre au parloir pour cela, mais elle ne le peut, estant fort indisposée; ce qui est remarquable, par ce qu'elle en fust très aise, « afin, me dit-elle, que tout cela se diffère après vostre profes- sion, et qu'il ne fasse rien que par une entière liberté et par un pur esprit de charité ; car, veoyez-vous, ma fille, il faut estre ferme dans les principes. Nous sçavons que tout ce qui n'est point fait par l'esprit de Dieu et par la charité est fait par cupidité, et que tout ce qui est fait par cupi- dité est pesché ; c'est pour quoy je vous ay tant exhortée à ne picquer point cette personne ny d'honneur ny d'ami- tié, car j'aimerois beaucoup mieux qu'il ne donnast rien du tout, que de donner beaucoup par un^ de ces prin- cipes. S'il le fait par luy mesme, nous ne pouvons pas y remédier. Tout ce que nous pouvons, c'est de l'exhorter à ne le pas faire (car nous n'avons pas sa conscience à gouverner pour veoir par quel motif il agit ; c'est à luy

��1. 4c Occasion qii'il eût fallu estre tout à fait endurcie pour ne pas concevoir de scrupule d'y agir autrement. »

A la fin, toutes choses estant conclues, la surveille de ma profes- sion... » — Le jour de la surveille était le 3 juin. M. Barroux signale, à cette date, la mention sur le répertoire du notaire Bonot du testa- ment de Jacqueline (op. cit., p. g). Le testament paraît perdu.

2. « principe tovit humain. »

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