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LETTRE DE LA SŒUR JACQUELINE DE SALNTE-EUPHEMIE PASCAL A M. PERIER

Gloire à Jésus au Très-Saint- Sacrement.

��Ce 3i juillet i653*.

Je vous escris à tous deux, si Dieu veut que cette lettre vous trouve encores tous deux en estât de la veoir ; car le billet du vingt quatre ne me laisse presque plus au- cun lieu d'espérer. Je vous prie de juger de Testât où je suis ; je n'entreprends pas de vous l'exprimer, et aussy il seroit bien inutile. Mais j'ay cru que j'estois obligée de rendre à ma sœur et à vous toute l'assistance qui est à mon pouvoir en cette extrémité. Je le fais devant Dieu le plus souvent que je puis, et nos mères ont eu la bonté de faire ressouvenir plusieurs fois la communauté de prier pour elle. Enfm elle peut bien s'asseurer qu'on ne l'ou- blie point ; on a trop de charité pour tout le monde, et pour elle en particulier. Mais je croy que la plus efficace de toutes les prières, et celle qui méritera que Dieu daigne escouter toutes celles de nos amis^, c'est de luy tesmoigner la fidélité que nous luy devons en cette rencontre si im- portante. Je vous parle dans le plus sensible de ma dou- leur, et ce me semble comme n'ayant plus d'espérance, quoy que je sente bien souvent que la dernière nouvelle fera tout un autre effet en moy, si Dieu veut nous affliger

��1. « Madame Perier étoit alors fort malade et grosse de Biaise Perier » (^Note du P. Guerrier.) Elle accoucha, vers le milieu d'aoûst « en dehors de Port-Rojal-des-Ghamps » suivant l'expression du Recueil d'Utrecht, 1740, p. 243.

2. [anjes]

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