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ŒUVRES

tité, cette eau pressée pressera tout ce qu’elle enferme : aussi le balon mol sera bien visiblement comprimé ; mais le balon dur ne sera non plus comprimé que s’il n’y avoit rien qui le pressât, ny la mouche non plus, et elle ne sentira aucune douleur sous ce grand poids ; car on la verra se promener avec liberté et vivacité le long du verre, et même s’envoler dés qu’elle sera hors de cette prison[1].

Il ne faut pas avoir beaucoup de lumiere pour tirer de cette experience tout ce que nous avions déja demontré.

On voit que ce poids presse tous ces corps autant qu’il peut.

On voit qu’il comprime le balon mol ; par consequent il presse aussi celuy qui est à costé ; car la mesme raison est pour l’un que pour l’autre. Mais on voit qu’il n’y paroist aucune compression.

D’où vient donc cette difference ? et d’où pourroit elle arriver ? sinon de la seule chose en quoy ils different : qui est que l’un est plein d’un air pressé, qu’on y a poussé par force, au lieu que l’autre est seulement à demy plein, et qu’ainsi l’air mol qui est dans l’un est capable d’une grande compression, dont l’autre est incapable, parce qu’il est bien compact, et que l’eau qui le presse, l’environnant

  1. Boyle s’attaque aussi à cette expérience proposée par Pascal : elle est telle « that at first sight I said that it would not succeed (and was not upon tryal mistaken in my conjecture)… the Animal was (une grosse mouche), presently drowned, and so made moveless, by the luke warm water » (Hydr. parad. p. 243 ; cf. Thurot, loc. cit.).