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ŒUVRES

Si on objecte que l’Air est leger quand il est pur, mais que celuy qui nous environne n’est pas l’air pur, parce qu’il est meslé de vapeurs et de corps grossiers, et que ce n’est qu’à cause de ces corps estrangers qu’il est pesant, je réponds, en un mot, que je ne connois point cet Air pur, et qu’il seroit peut estre difficile de le trouver ; mais je ne parle, dans tout ce discours, que de l’Air tel qu’il est dans l’estat où nous le respirons, sans penser s’il est composé ou non ; et c’est ce corps là, ou simple, ou composé, que j’appelle l’Air, et duquel je dis qu’il est pesant ; ce qui ne peut estre contredit ; et c’est tout ce qui m’est necessaire dans la suite.

Ce principe posé, je ne m’arresteray qu’à en tirer quelques consequences.

1. Puisque chaque partie de l’Air est pesante, il s’ensuit que la masse entiere de l’Air, c’est à dire la sphere entiere de l’Air, est pesante ; et comme la Sphere de l’Air n’est pas infinie en son estenduë, qu’elle a des bornes, aussi la pesanteur de la masse de tout l’Air n’est pas infinie.

2. Comme la masse de l’eau de la mer presse par son poids la partie de la terre qui luy sert de fond, et que si elle environnoit toute la terre, au lieu qu’elle n’en couvre qu’une partie, elle presseroit par son poids toute la surface de la terre : ainsi la masse de

    physico-mathematicæ : De aëre ponderando, p. 101 sqq. Voir l’histoire de la découverte dans l’article de M. Duhem : le P. Mersenne et la Pesanteur de l’Air, I, Revue générale des Sciences, 15 sept. 1906, p. 778 sqq.