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TRAITÉ DE LA PESANTEUR DE LA MASSE DE L’AIR

veu mesme qu’il fait plus froid sur les montagnes que dans les vallons ; et cette compression de l’Air du balon ne pourroit avoir d’autre cause que le poids de la masse de l’Air : car on l’a pris tel qu’il estoit au bas, et sans le comprimer, puisque mesme le balon estoit flasque et à demy plein seulement ; et partant cela prouveroit absolument que l’Air est pesant ; que la masse de l’Air est pesante ; qu’elle presse par son poids tous les corps qu’elle enferme ; qu’elle presse plus les lieux bas que les lieux hauts ; qu’elle se comprime elle mesme par son poids ; que l’air est plus comprimé en bas qu’en haut. Et comme dans la Phisique les experiences ont bien plus de force pour persuader que les raisonnements, je ne doute pas qu’on ne desirast de voir les uns confirmez par les autres.

Mais si l’on en faisoit l’experience, j’aurois cet avantage, qu’au cas qu’il n’arrivast aucune difference à l’enfleure du balon sur les plus hautes montagnes, cela ne détruiroit pas ce que j’ay conclu ; parce que je pourrois dire qu’elles n’ont pas encore assez de hauteur pour causer une difference sensible[1] : au lieu que s’il arrivoit un changement extrémement considerable, comme de la huit ou neufième partie, certainement elle seroit toute convaincante pour moy ; et il ne pourroit plus rester aucun doute de la verité de tout ce que j’ay estably.

  1. C’était la préoccupation du P. Mersenne, pendant l’hiver 1647–1648, de trouver une attitude assez grande pour avoir une influence sensible sur la hauteur de la colonne mercurielle (supra, t. II, p. 150 sqq.).