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TRAITÉ DE LA PESANTEUR DE LA MASSE DE L’AIR

tombe, parce que l’eau le touche par tout, et agissant aussi bien dedans que dehors le tuyau, il n’a plus de contrepoids. Tout cela a esté dit dans l’Equilibre des liqueurs.

Ce qui estant un effet necessaire de l’Equilibre des Liqueurs, il n’est pas estrange que, quand un tuyau est plein d’eau, bouché par en haut, et recourbé par en bas, l’eau y demeure suspenduë ; car l’Air pesant sur la partie de l’eau qui est à la recourbeure, et non pas sur celle qui est dans le tuyau, puisque le bouchon l’en empesche, c’est une necessité absoluë qu’il tienne l’eau du tuyau suspenduë au dedans, pour contrepeser son poids qui est au dehors, de la mesme sorte que le poids de l’eau tenoit le mercure en Equilibre dans l’exemple que nous venons de donner.

Et de mesme quand le tuyau n’est pas recourbé ; car l’Air touchant l’eau par dessous, et non pas par dessus, puisque le bouchon l’empesche d’y toucher, c’est une necessité inévitable que le poids de l’Air soûtienne l’eau ; de la mesme sorte que l’eau soûtient le mercure dans l’exemple que nous venons de donner, et que l’eau pousse en haut et soutient un Cilindre de cuivre qu’elle touche par dessous, et non pas par dessus ; mais si on débouche le haut, l’eau tombe ; car l’Air touche l’eau dessous et dessus, et pese dedans et dehors le tuyau.

D’où l’on voit que[1] ce que le poids de l’air soutient

  1. Bossut : cet effet.