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Page:Œuvres de Blaise Pascal, III.djvu/251

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TRAITÉ DE LA PESANTEUR DE LA MASSE DE L’AIR


Chapitre vi.Que, comme les effets de la pesanteur de la masse de l’Air augmentent ou diminuënt à mesure qu’elle augmente ou diminuë, ils cesseroient entierement si l’on estoit au dessus de l’Air, ou en un lieu où il n’y en eust point.


Apres avoir veu jusques icy que ces effets qu’on attribuoit à l’horreur du vuide, et qui viennent en effet de la pesanteur de l’Air, suivent toûjours sa proportion, et qu’à mesure qu’elle augmente, ils augmentent ; qu’à mesure qu’elle diminuë, ils diminuënt ; et que par cette raison l’on voit que dans le tuyau plein de vif argent il demeure suspendu à une hauteur d’autant moindre, qu’on le porte à un lieu plus élevé, parce qu’il reste moins d’air au dessus de luy ; de mesme que celuy d’un tuyau immergé dans l’eau baisse à mesure qu’on l’éleve vers la fleur de l’eau, parce qu’il reste moins d’eau pour le contrepeser : on peut conclure avec assurance que, si on l’élevoit jusques au haut de l’extremité de l’Air, et qu’on le portast entierement hors de sa Sphere, le vif argent du tuyau tomberoit entierement, puis qu’il n’y auroit plus aucun air pour le contrepeser, comme celuy du tuyau immergé dans l’eau tombe entierement, quand on le tire entierement hors de l’eau.

La mesme chose arriveroit, si on pouvoit oster tout l’air de la chambre où l’on feroit cette épreuve ; car n’y ayant plus d’air qui pesast sur le bout du