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NOUVELLES EXPÉRIENCES D’ANGLETERRE

Mais il y a cela à remarquer, que si ces effets ne s’y font pas entierement, du moins ils s’y font dans la plus grande partie, et suivant la proportion de l’Air que l’on a tiré du Recipient ; car, par exemple, comme le rapporte Monsieur Boyle dans l’experience qu’il en a faite, le vif argent n’y demeure pas suspendu à la hauteur de 27. poulces comme il feroit dans l’Air, mais seulement à celle d’un doigt, c’est-à-dire à 9. ou 10. lignes ; et l’eau n’y demeure pas suspenduë à la hauteur de 32. pieds, mais seulement à celle d’un pied, suivant la mesme proportion que le vif argent ; ce qui est une grande diminution, et qui montre aussi bien que ces effets viennent de la pesanteur de l’Air, dont il ne reste qu’une petite partie dans le Recipient, que si cette eau et ce vif argent tomboient entierement dans un lieu qui fut entierement vuide.

Car il est certain que rien ne fait mieux voir que c’est la pesanteur de la masse de l’Air qui produit tous ces effets que l’on remarque dans les Liqueurs qui demeurent suspenduës les unes plus haut, et les autres plus bas, dans l’experience ordinaire du Vuide, que de voir que, comme ces effets cessent entierement lorsque l’on oste entierement la pression et le ressort de l’Air, ce que l’on fait par l’experience du vuide dans le vuide, ils diminuent aussi tres sensiblement, et sont presque reduits à rien, lorsque l’Air qui presse le vase où la liqueur se répand, est extrémement diminué, comme en cette machine de Monsieur Boyle.

Et c’est pourquoy, encore que l’on puisse faire quelques experiences dans ce Recipient, qui paroissent toutes semblables à celles qui se feroient en plein Air ; comme, par exemple, que deux corps polis y demeurent attachez l’un contre l’autre sans se des-unir, quand on en a attiré l’Air avec la Pompe, il ne s’ensuit pas pour cela que cet effet puisse se faire aussi bien dans le Vuide que dans l’Air, et qu’ainsi il n’est point causé par la pesanteur de l’Air, ce qui seroit contraire à ce qui a esté dit dans le Traitté de la pesanteur de la masse de l’Air ; mais il s’ensuit seulement que cet effet vient de l’Air qui est resté dans ce Recipient, lequel se dilatant et se rarefiant, à cause