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NOUVELLES EXPÉRIENCES D’ANGLETERRE

Il a encore remarqué que les sons diminuoient beaucoup de leur force dans ce Recipient lorsqu’on le vuidoit ; ce qu’il a éprouvé par le moyen d’une Montre sonante qu’il a mise dans ce Recipient, et que l’on n’entendoit presque point sonner apres l’avoir vuidé, quoy qu’on l’entendit fort bien auparavant.

Ce qui n’est point contraire, comme il semble, à ce qui a esté dit dans l’experience que nous avons rapportée de la vessie, laquelle en se crevant faisoit autant de bruit qu’un petart[1] ; car tout ce qu’on peut justement conclurre est qu’il faudroit que le bruit eut esté beaucoup plus grand.

Il a voulu éprouver, outre cela, si le feu se pourroit conserver dans ce Recipient vuidé, et combien de temps il y dureroit ; & pour cela il y mit premierement une chandelle de suif allumée, qu’il dit s’estre esteinte en moins d’une minute, après avoir vuidé le Recipient ; et ayant fait la mesme experience avec un petit cierge de cire blanche, il n’y demeura pas non plus allumé plus d’une minute.

Il mit ensuite des charbons ardens, et l’ayant fait aussi tost vuider, il remarqua que, depuis que l’on avoit commencé à le vuider jusqu’à ce que les charbons fussent entierement éteints, il s’estoit seulement passé trois minutes. Et y ayant mis de la mesme maniere un fer rouge au lieu de charbons, cette rougeur dura visible pendant l’espace de 4. minutes.

Il a fait encore la mesme épreuve avec un bout de la meche dont se servent les Soldats pour leurs Mousquets, qu’il suspendit toute allumée dans son Recipient, et qui s’éteignoit tout de mesme à mesure qu’on le vuidoit.

Il a voulu encore après cela éprouver ce que deviendroient les animaux que l’on mettroit dans ce Recipient ; si ceux qui ont des aîles y voleroient ; si les autres y marcheroient ; et enfin si les uns et les autres y pourroient vivre long-temps.

  1. Vide supra, p. 288.