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EXTRAIT DES MÉMOIRES POUR SERVIR A L’HISTOIRE

DE PORT-ROYAL, PAR M. FONTAINE

...Cependant ce M. de Sacy dont je viens de parler, et dont j’ay dit que la porte demeuroit si régulierement fermée pour toutes les personnes du dehors, de quelque dignité qu’elles fussent, la tenoit toujours ouverte au plus petit d’entre les solitaires, parce qu’il avoit toujours le cœur ouvert pour eux ; et de quelque profonde application qu’il fust, jamais il n’a tesmoigné estre un peu touché de ce qu’on l’en detournoit. Des qu’il avoit esté faict Prestre, il avoit compris qu’il ne vivoit plus pour luy-mesme, qu’il estoit tout à ceux dont il estoit chargé par l’ordre de Dieu, et qu’il devoit à l’advenir estre tout à tous, à l’imitation de S. Paul qu’il regardoit toujours comme son modele et son maistre, pour entretenir avec tout le monde cet esprit d’union et de charité dont j’ay parlé. Il ne leur recommandoit rien avec tant de force que de fuïr les jugemens temeraires et la liberté que l’on se donnoit de vouloir deviner les gens, et faire des commentaires sur leur conduite. Il disoit qu’il n’y avoit point de parole de l’Evangile qui se deust plus entendre à la lettre que celle-là, Ne jugez point ; car c’est une grande temerité de vouloir interpreter mal des actions qui de soy peuvent estre tres bonnes ; qu’il n’y avoit que Dieu qui pût en juger assurement : outre qu’un malade ne pense guére aux maux des autres, estant tout appliqué à guerir les playes qu’il

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1. M. [detruire].