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III

EXTRAIT D’UNE LETTRE DE LA SOEUR

JACQUELINE DE SAINTE-EUPHEMIE PASCAL

A MADAME PERIER, SA SŒUR

Gloire à Jesus au Tres-saint Sacrement.

Le 23. Juin 1655.


.... Je pensois continuer à respondre à cet article de vostre lettre dans le mesme style où vous l’avez escrite ; mais je n’ay pu m’y resoudre, par ce que je n’ay plus de gaieté, quand il faut venir sur ce chapitre. C’est pourquoy je vous supplie tres-humblement de croire tout ce que je vous en diray à la lettre ; car je parle de mon plus serieux. Je ne doute point qu’on ne vous ait fait l’employ que j’ay plus grand qu’il n’est, et c’est une des raisons qui me fait vous en parler serieusement ; car apres tout ce n’est rien du tout, et je crois qu’un autre que moy ne s’en apercevroit presque pas ; mais c’est beaucoup pour moy, qui n’ay cherché qu’à me bien cacher et qui ne suis capable que de faire quelque ravauderie dans une petite cellule, ou de balayer la maison, car je suis devenue fort experte en ce mestier, à laver les ecuelles et à filer ; voilà ce que j’ay fort bien appris. Vous sçaurez donc que l’employ qu’on m’a donné est d’estre residente dans le noviciat, pour avoir l’oeil sur les petits manquemens que les postulantes nouvelles venues, dont on ne manque gueres ceans, peuvent faire, manque de sçavoir les coutumes et les ordres de la maison, pour les en avertir et les