vois bien comment on peut leur apprendre à lire, par exemple Jesu, en le faisant prononcer Je, e, ze, u, mais je ne vois pas comment on leur peut faire comprendre facilement que les lettres finissantes ne doivent point ajouter d’e. Car naturellement, suivant cette methode,
et publie la découverte de Pascal : « Ire Partie ch. 6. D’une nouvelle maniere pour apprendre à lire facilement en toutes sortes de langues.
« Cette methode regarde principalement ceux qui ne sçavent pas encore lire.
« Il est certain que ce n’est pas une grande peine à ceux qui commencent que de connoistre simplement les lettres ; mais la plus grande est de les assembler.
« Or, ce qui rend maintenant cela plus difficile, est que chaque lettre ayant son nom, on la prononce seule autrement qu’en l’assemblant avec d’autres. Par exemple si l’on fait assembler fry à un enfant, on luy fait prononcer ef, er, y grec, ce qui le broüille infailliblement, lors qu’il veut ensuitte joindre ces trois sons ensemble, pour en faire le son de la syllabe fry.
« Il semble donc que la voye la plus naturelle, comme quelques gens d’esprit l’ont déjà remarqué, seroit que ceux qui montrent à lire, n’apprissent d’abord aux enfans à connoistre leurs lettres, que par le nom de leur prononciation. Et qu’ainsi pour apprendre à lire en Latin : par exemple, on ne donnast que le mesme nom d’e à l’e simple, l’æ, et l’œ , parce qu’on les prononce d’une mesme façon ; et de mesme à l’i et à l’y : et encore à l’o et à l’au, selon qu’on les prononce aujourd’huy en France. Car les Italiens font l’au diphtongue.
« Qu’on ne leur nommast aussi les consonnes que par leur son naturel, en y adjoûtant seulement l’e muet, qui est necessaire pour les prononcer. Par exemple qu’on donnast pour nom à b, ce qu’on prononce dans la derniere syllabe de tombe, à d celuy de la derniere syllabe de ronde, et ainsi des autres qui n’ont qu’un seul son.
« Que pour celles qui en ont plusieurs, comme c, g, t, s, on les appellast par le son le plus naturel et plus ordinaire qui est au c, le son de que, et au g, le son de gue, au t, le son de la derniere syllabe de forte, et à l’ s, celuy de la derniere syllabe de bourse.
« Et ensuitte on leur apprendroit à prononcer à part, et sans eppeler, les syllabes ce, ci, ge, gi, tia, tie, tii. Et on leur feroit entendre que l’s entre deux voyelles, se prononce comme un z, miseria, misere, comme s’il y avoit mizeria, mizere, etc. »