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Page:Œuvres de Blaise Pascal, IV.djvu/278

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172 ŒUVRES

le nom de son ennemy : c’est y avoir receu l’ennemy mesme. Les noms sont inseparables des choses : si le mot de grace suffisante est une fois affermy, vous aurez beau dire que vous entendez par là une grace qui est insuffisante, vous 1 ne serez point écoutez : Vostre explication seroit odieuse dans le monde : on y parle plus sincerement des choses moins importantes : les Jesuites triompheront : ce sera 2 leur grace suffisante en effet, et non pas la vostre qui ne l’est que de nom, qui passera pour establie ; et on fera un article de foy du contraire de vostre creance.

Nous 3 souffririons tous le martyre, luy dit le Pere, plustost que de consentir à l’establissement de la grace suffisante au sens des Jesuites. Saint Thomas, que nous jurons de suivre jusques à la mort 4, y estant directement contraire. A quoy mon amy 5 plus serieux que moy luy dit : Allez, mon Pere, vostre Ordre a receu un honneur qu’il ménage mal. Il abandonne cette grâce qui luy avoit esté confiée, et qui n’a jamais esté abandonnée depuis la creation du monde. Cette grâce victorieuse qui a esté attendüe par les Patriarches, predite par les Prophetes,

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1. A 2 B. [n’y] serez pas [receus:].

2. B. en effet leur grace suffisante qui passera pour établie, et non pas la vostre qui ne l’est que de nom. — Cf. un développement analogue dans l’écrit du P. Desmares, supra p. 154 sq.

3. P’. [souffrirons] ; W. omnes in equuleum potius ibimus.

4. W. cujus doctringe defendendæ solemni sacramenlo nos obstrinximus.

5. WB. plus serieux que moy, manque.