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RÉPONSE DU PROVINCIAL 207

rois, peu s’en faut que je ne die, j’exterminerois de tout mon pouvoir, ce pouvoir prochain qui fait tant de bruit pour rien, et sans sçavoir autrement ce qu’il demande. Le mal est que nostre pouvoir Academique est un pouvoir fort éloigné et borné 1. J’en suis marry : et je le suis encore beaucoup, de ce que tout mon petit pouvoir ne sçauroit m’ acquitter envers vous, etc.

Et voicy ce qu’une personne 2 , que je ne vous marqueray en aucune sorte, en écrit à une Dame qui luy avoit fait tenir la Ire de vos lettres.

Je vous suis plus obligée que vous ne pouvez vous l’imaginer, de la lettre que vous m’avez envoyée ; elle est tout à fait ingenieuse, et tout à fait bien escrite. Elle narre sans narrer ; elle éclaircit les affaires du monde les plus embrouillées ; elle raille finement; elle instruit mesme ceux qui ne sçavent pas bien les choses ; elle redouble le plaisir de ceux qui les entendent. Elle est encore une excellente apologie, et si l’on veut une delicate et innocente Censure. Et il y a enfin 3 tant d’art, tant d’esprit et tant de jugement en cette lettre, que je voudrois bien sçavoir qui l’a faite, etc.

Vous voudriez bien aussi sçavoir qui est la personne qui en escrit de la sorte : mais contentez- vous de l’honorer sans la connoistre, et quand vous la connoistrez vous l’honorerez bien davantage.

Continuez donc vos lettres sur ma parole ; et que

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1. W. nimis augusta, sive, ut loquuntur, nimis remota est.

2. W. insignis fœmina.

3. B. tant d’art, a été omis.