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QUATRIÈME PROVINCIALE 269

suitte les excusent ou ne les excusent pas de peché ? N’esperez donc plus rien, mon Pere, de ce Prince des Philosophes, et ne resistez plus au Prince des Theologiens qui décide ainsi ce poinct au I. I. de ses Retr. c. 15 1. Ceux qui pechent par ignorance, ne font leur action que parce qu’ils la veulent faire, quoy qu’ils pechent sans qu’ils veuillent pecher. Et ainsi ce peché mesme d’ignorance ne peut estre commis que par la volonté de celuy qui le commet, mais par une volonté qui se porte à l’action, et non au peché; ce qui n’empesche pas neantmoins que l’action ne soit peché, parce qu’il suffit pour cela qu’on ait fait ce qu’on estoit obligé de ne point faire.

Le Pere me parut surpris, et plus encore du passage d’Aristote, que de celuy de S. Augustin. Mais comme il pensoit à ce qu’il devoit dire, on vint 2 l’avertir que Madame la Mareschale de.... et Madame la Marquise de..... le demandoient. Et ainsi en nous quittant à la haste : J’en parleray, dit-il, à nos Peres. Ils y trouveront bien quelque response. Nous en avons icy de bien subtils. Nous l’entendismes bien 3 ; et quand je fus seul avec mon amy, je luy témoignay d’estre estonné du renversement que cette doctrine apportoit dans la Morale. A quoy il me respondit : Qu’il estoit bien estonné de mon estonnement. Ne sçavez-vous donc pas encore que leurs excez sont beaucoup plus grands dans la

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1. Cf. cette citation de saint Augustin, suprap. 242, note I.

2. P. [à].

3. W. et continuò digressus est. Sensimus cur ita properaret.