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��LETTRE DE PASCAL A HUYGENS

De Paris le 6 Janvier lôôg.

Monsieur, J'ay receu le présent* que vous m'avez fait l'hon- neur de m'envoyer, et qui m'a esté rendu par un gentilhomme François qui m'a fait le récit de la ma- nière la plus obligeante et la plus civile du monde dont vous l'aviez receu chez vous. Il m'a dit mesmes qu'il n'estoit point connu de vous, et que c'estoit sur moy que toute cette obligation retomboit. Je vous assure Monsieur que j'en ay eu une surprise et une joye extrême, car je ne pensois pas seulement que mon nom fust venu jusqu'à vous, et j'aurois borné mon ambition à avoir une place dans vostre mémoire. Cependant on me veut faire croire que j'en ay mesme dans vostre estime. Je n'ose le croire, et je n'ay rien qui le vaille, mais j'espère que vous m'en accorderez dans vostre amitié, puisqu'il est cer- tain que, si on peut la mériter par l'estime et le res- pect qu'on a pour vous, je la mérite autant qu'homme du monde. Je suis rempli de ces sentiments là pour vous, et vostre dernière production n'a pas peu ad- jousté aux autres. Elle est en vérité digne de vous, et au dessus de tout autre. J'en ay esté un des pre- miers admirateurs. Et j'ay cru qu'on en verroit de grandes suittes. Je voudrois bien avoir de quoy vous

I. L'Horologiam. Voir supra p. i58.

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