DE L'ESPRIT GÉOMÉTRIQUE 243
finitions que les logiciens appellent définitions de nom, c'est à dire que les seules impositions de nom aux choses qu'on a clairement designées en termes parfaitement connus ^ ; et je ne parle que de celles là seulement.
Leur utilité et leur usage est d'esclaircir et d'abré- ger le discours, en exprimant par le seul nom qu'on impose ce qui ne se pourroit dire qu'en plusieurs termes : en sorte néantmoins que le nom imposé de- meure dénué de tout autre sens, s'il en a, pour n'avoir plus que celuy auquel on le destine unique- ment. En voicy un exemple. Si l'on a besoin de dis- tinguer dans les nombres ceux qui sont divisibles en deux également d'avec ceux qui ne le sont pas, pour éviter de repeter souvent cette condition, on luy donne un nom en cette sorte : j'appelle tout nombre divisible en deux également, nombre pair^. Voilà une définition géométrique : parce qu'après avoir clairement designé une chose, sçavoir tout nombre divisible en deux également, on luy donne un nom que l'on destitue de tout autre sens, s'il en a, pour luy donner celuy de la chose designée.
D'oii il paroistque les définitions sont très libres, et qu'elles ne sont jamais sujettes à estre contre-
��1. Cf. Roberval : « Par une définition mathématique, on entend l'explication de quelque nom, pour distinguer entre plusieurs choses celles à laquelle il est attribué à la volonté de celuy qui l'a imposé ; ce nom pouvant estre changé, et n'ayant aucune connexion nécessaire avec la chose mesme » {Avant-propos sur les Mathématiques, public par Victor Cousin, Fragments de philosophie cartésienne, i852, p. 237)-
2. Éléments d'Euclido, livre VU, déf. 6.
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