DE L'ESPRIT GÉOMÉTRIQUE 249
dre de définir l'estre sans tomber dans cette absur- dité : car on ne peut définir un mot sans commencer par celuy-cy, c'est, soit qu'on l'exprime ou qu'on le sous-entende. Donc pour définir l'estre, il faudroit dire c'est, et ainsi employer le mot definy dans sa définition ^
On voit assez de là qu'il y a des mots incapables d'estre définis ; et si la nature n'avoit suppléé à ce défaut par une idée pareille qu'elle a donnée à tous les hommes, toutes nos expressions seroient con- fuses " ; au lieu qu'on en use avec la mesme assu- rance et la mesme certitude que s'ils estoient expli- quez d'une manière parfaite exempte d'équivoques ; parce que la nature nous en a elle-mesme donné, sans paroles, une intelligence plus nette que celle que l'art nous acquiert par nos explications.
Ce n'est pas que tous les hommes ayentla mesme idée de l'essence des choses que je dis qu'il est im- possible et inutile de définir. Car, par exemple, le temps est de cette sorte. Qui le pourra définir .^^ Et pourquoy l'entreprendre, puisque tous les hommes conceoivent ce qu'on veut dire en parlant de temps, sans qu'on le désigne davantage } Cependant il y a bien de différentes opinions touchant l'essence du temps. Les uns disent que c'est le mouvement d'une chose créée; les autres, la mesure du mouve-
��dans les définitions le terme du défini, j'aurois peine à m'accommo- der à la vostre, qui dit que la lumière est un mouvement luminaire des corps lumineux. »
1. Voir VEntretien avec Saci, supra T. IV, p. f\3.
2. Cf. Pensées, fr. Sga, ï. 11, p. 29g.
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