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Page:Œuvres de Blaise Pascal, IX.djvu/308

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288 OEUVRES

mant de grand prix parmy un grand nombre de faux, mais qu'ils n'en sçauroient pas distinguer, se vante- roient , en les tenant tous ensemble , de posséder le véri- table aussy bien que celuy qui, sans s'arrester à ce vil amas, porte la main sur la pierre choisie que l'on recherche, etpour laquelle on nejetoit pas toutle reste. Le défaut d'un raisonnement faux est une maladie qui se guérit par ces deux remèdes. On en a com- posé un autre d'une infinité d'herbes inutiles oii les bonnes se trouvent enveloppées et où elles demeu- rent sans effet, par les mauvaises qualitez de ce mé- lange. Pour découvrir tous les sophismes et toutes les équivoques des raisonnemens captieux, ils ont inventé des noms barbares qui estonnent ceux qui les entendent ; et au lieu qu'on ne peut débrouiller tous les replis de ce nœud si embarrassé qu'en tirant l'un des bouts que les géomètres assignent, ils en ont marqué un nombre estrange d'autres oii ceulx là se trouvent compris, sans qu'ils sçachent lequel est le bon. Et ainsy, en nous monstrantun nombre de che- mins difPerens, qu'ils disent nous conduire oii nous tendons, quoy qu'il n'y en ait que deux qui y mènent, il faut sçavoir les marquer en particulier. On préten- dra que la géométrie, qui les assigne certainement, ne donne que ce qu'on avoit desjà des autres, parce qu'ils donnoient en eifet la mesme chose et davantage, sans prendre garde que ce présent perdoit son prix par son abondance, et qu'il ostoit en ajoutant. Rien n'est plus commun que les bonnes choses : il n'est question que de les discerner ; et il est certain qu'elles

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