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Page:Œuvres de Blaise Pascal, V.djvu/218

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202 ŒUVRES

si petite consideration, comment permettez-vous de tuer les hommes pour le conserver ? Vous prenez mal les choses, dit le Pere. On vous dit que le bien est de nulle consideration devant Dieu, mais non pas devant les hommes. Je ne pensois pas à cela, luy dis-je, et j’espere que par ces distinctions-là il ne restera plus de pechez mortels au monde. Ne pensez pas cela, dit le Pere ; car il y en a qui sont toujours mortels de leur nature, comme par exemple la paresse.

O mon Pere, luy dis-je, toutes les commoditez de la vie sont donc perdues ? Attendez, dit le Pere, quand vous aurez veu la definition de ce vice qu’Escobar en donne tr. 2. ex. 2. num.81 1. peut-estre en jugerez-vous autrement :escoutez-la : La paresse est une tristesse de ce que les choses spirituelles sont spirituelles, comme seroit de s’affliger de ce que les Sacremens sont la source de la grace. Et c’est un peché mortel. O mon Pere, luy dis-je, je ne croy pas que personne 2 ait jamais esté assez bizarre, pour s’aviser d’estre paresseux en cette sorte. Aussi, dit le Pere, Escobar dit ensuite n. 105. J’avouë qu’il est bien rare que personne tombe jamais dans le peché de paresse. Comprenez-vous bien par là combien il importe de bien definir les choses ? Oüy, mon Pere, luy dis-je ; et je me souviens sur cela de vos autres definitions de l’assassinat, du guet-apend, et des biens superflus. Et d’où vient, mon Pere, que vous n’estendez pas cette methode à toute sorte de cas,

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1. Cf. cette citation d’Escobar et la suivante, supra p. 185 sq.

2. B. [se soit jamais avisé d’estre].