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divent souvent sans qu’on y voye aucun amandement , se presentent au Confesseur, et luy disent qu’ils ont regret du passé, et bon dessein pour l’avenir, il les en doit croire sur ce qu’ils le disent, quoy qu’il soit à presumer telles resolutions ne passer pas le bout des levres. Et quoy qu’ils se portent ensuite avec plus de liberté et d’excés que jamais dans les mesmes fautes, on peut neantmoins leur donner l’absolution selon mon opinion. Voilà je m’assure tous vos doutes bien resolus.

Mais, mon Pere, luy dis-je, je trouve que vous imposez une grande charge aux Confesseurs, en les obligeant de croire le contraire de ce qu’ils voyent. Vous n’entendez pas cela, dit-il, on veut dire par là qu’ils sont obligez d’agir et d’absoudre, comme s’ils croyoient que cette resolution fust ferme et constante, encore qu’ils ne le croyent pas en effet. Et c’est ce que nos PP. Suarez et Filitius 1 expliquent ensuite des passages de tantost. Car aprés avoir dit, que le Prestre est obligé de croire son penitent sur sa parole, ils ajoustent qu’il n’est pas necessaire que le Confesseur se persuade, que la resolution de son penitent s’executera, ny qu’il le juge mesme probablement: mais il suffît qu’il pense qu’il en a à l’heure mesme le dessein en general, quoy qu’il doive retom-

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l’absolution aux pecheurs qui retombent toujours dans les mêmes desordres, quoi qu’on ne remarque en eux aucune espérance d’ amendement », et répond à l'Apologie des Casuistes du Père Pirot.

1. Voir ce texte de Filliucci, supra p. 240. — Cf. Pensées, fr. 905, T. III, p. 334 : «... Vous voulez que l’Eglise en juge ny de l’interieur, parce que cela n’appartient qu’à Dieu, ny de l’exterieur, parce que Dieu ne s’arreste qu’à l’interieur... »