Page:Œuvres de Blaise Pascal, V.djvu/386

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370 ŒUVRES

1 il a fait, par un si visible renversement de l’Evangile, que les riches ne sont point obligez ny par justice ny par charité de donner de leur superflu, et encore moins du necessaire, dans tous les besoins ordinaires des pauvres, et qu’ils ne sont obligez de donner du necessaire qu’en des rencontres si rares qu’elles n’arrivent presque jamais.

Vous ne m’objectez rien davantage, de sorte qu’il ne me reste qu’à faire voir combien est faux ce que vous pretendez, que Vasquez est plus severe que Cajetan. Et cela sera bien facile, puisque ce Cardinal enseigne 2, Qu’on est obligé par justice de donner l’aumosne de son superflu mesme dans les communes necessitez des pauvres : parce que selon les saints Peres les riches sont seulement dispensateurs de leur superflu, pour le donner à qui ils veulent d’entre ceux qui en ont besoin. Et ainsi au lieu que Diana dit des maximes de Vasquez, Qu’elles seront bien commodes, et bien agreables aux riches et à leurs Confesseurs,3

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1. B. [je l’ay fait voir], que les riches ; W. ne traduit pas : comme il a fait.... Evangile.

2. W. Ipse enim Vasquesius de Eleem, cap. I. his verbis Caietani sententiam exponit: Arbitratur Caietanus quòd sola superfluitas obligat ad elargiendum eleemosynas pauperibus, non tamen aliquibus determinatis, nisi extremè indigentibus, aliis autem indeterminatè, ut placuerit habenti superfluum. Vasq. I. 20. Audiendus præterea ipse Cardinalis in 2. 2. q. 118. art. 4. Dives inquit, non dispensans superflua, sed cumulans ad emendum sibi dominium ex sola ascendendi libidine, non solùm illicitè agit propter libidinem dominandi, et inordinatum amorem pecuniæ ; sed mortaliter peccat contra proximorum indigentiam, occupando superflua quæ pauperibus debentur ex hoc ipso quod superflua sunt.

3. Cf. cette citation de Diana, supra p. 367 et la note 5.