Page:Œuvres de Blaise Pascal, V.djvu/389

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

DOUZIÈME PROVINCIALE 373

retrancher pour avoir de quoy se respandre dans l’exercice de la charité. Nous avons beaucoup de superflu dit S. Augustin 1, si nous ne gardons que le necessaire : mais si nous recherchons les choses vaines, rien ne nous suffira. Recherchez, mes freres, ce qui suffit à l’ouvrage de Dieu, c’est à dire à la nature, et non pas ce qui suffit à vostre cupidité, qui est l’ouvrage du demon. Et souvenez-vous que le superflu des riches est le necessaire des pauvres.

Je voudrois bien, mes Peres, que ce que je vous dis servist non seulement à me justifier, ce seroit peu, mais encore à vous faire sentir et abhorrer ce 2 qu’il y a de corrompu dans les maximes de vos Casuistes, afin de nous unir sincerement dans les saintes regles de l’Evangile, selon lesquelles nous devons tous estre jugez 3.

Pour le second point qui regarde la simonie, avant que de respondre aux reproches que vous me faites, je commenceray par l’éclaircissement de vostre doctrine sur ce sujet. Comme vous vous estes trouvez embarassez entre les Canons de l’Eglise qui impo-

_____________________________________________________________

1. W. in psal. 147- — St Augustin, Enarratio in Psalmum 147, n. 12 : Multa autem superflua habemus, si nonnisi necessaria teneamus : nam si inania quæramus , nihil sufficit. Fratres, quærite quod suffîcit operi Dei, non quod sufficit cupiditati vestræ. Cupiditas vestra non est opus Dei. Forma vestra, corpus vestrum, anima vestra, hoc totum opus Dei. Quæ quœ sufficiant, et videbis quàm pauca sint.... Quæ quantum [Deus] tibi dederit, et ex eo toile quod sufficit : cætera quæ superflua jacent, aliorum sunt necessaria. Superflua divitum, necessaria sunt pauperum. RES ALIENÆ possidentur , cùm superflua possidentur.

2. P. [qu’il a].

3. W. judicabimur.