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DOUZIÈME PROVINCIALE 375

temporel pour un spirituel en deux manieres : l’une en prisant davantage le temporel que le spirituel, et ce seroit simonie ; l’autre en prenant le temporel comme le motif et la fin qui porte à donner le spirituel, sans que neanmoins on prise le temporel plus que le spirituel; et alors ce n’est point simonie. Et la raison en est, que la simonie consiste à recevoir un temporel comme le juste prix d’un spirituel. Donc si on demande le temporel : si petatur temporale : non pas comme le prix, mais comme le motif qui determine à le conferer, ce n’est point du tout simonie, encore qu’on ait pour fin et attente principale la possession du temporel : Minime erit simonia etiamsi temporale principaliter intendatur et expectetur. Et vostre grand Sanchez n’a-t’il pas eu une pareille revelation au rapport d’Ëscobar tr. 6. ex. 2. n. 40 ¹ . Voicy ses mots : Si on donne un bien temporel pour un bien spirituel non pas comme PRIX, mais comme un MOTIF qui porte le collateur à le donner, ou comme une reconnoissance si on l’a déja receu, est ce simonie ? Sanchez assure que non. Vos Theses de Caën de 1644 ². C’est une opinion probable enseignée par plusieurs catholiques, que ce n’est pas simonie de donner un bien temporel pour un spirituel, quand on ne le donne pas comme prix. Et quant à Tannerus, voicy sa doctrine pareille à celle de Valentia, qui fera voir combien vous avez tort de vous plaindre de ce que j’ay

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1. Cf. ce texte d’Ëscobar, supra p. 357.

2. W. de 1644, n’est pas traduit. — Sur ces thèses et aussi pour toutes ces discussions, cf. le Discours de M. Dupré, supra p. 356 sq.