DOUZIÈME PROVINCIALE 381
des simoniaques qui achettent ; et Giezi, qui receut de l’argent pour un miracle 1 en quoy il est la figure des simoniaques qui vendent. Car il est sans doute, que quand Simon dans les Actes 2 offrit de l’argent aux Apostres pour avoir leur puissance, il ne se servit ny des termes d’acheter, ny de vendre, ny de prix, et qu’il ne fit autre chose que d’offrir de l’argent comme un motif pour se faire donner ce bien spirituel. Ce qui estant exempt de simonie selon vos Autheurs, il se fust bien garanti de l’anatheme de saint Pierre, s’il eust 3 sceu leurs maximes. Et cette ignorance fit aussi grand tort à Giezi quand il fut frappé de la lepre par Elisée : car n’ayant receu l’argent de ce Prince 4 guery miraculeusement, que comme une reconnoissance, et non pas comme un prix egal à la vertu divine qui avoit operé ce miracle, il eust obligé Elisée à le guerir sur peine de peché mortel ; puisqu’il auroit agi selon tant de docteurs graves, et 5 que vos Confesseurs sont obligez d’absoudre leurs penitens en pareil cas, et de les laver de la lepre spirituelle, dont la corporelle n’est que la figure.
Tout de bon, mes Peres, il seroit aisé de vous tourner là dessus en ridicules : je ne sçay pourquoy vous vous y exposez. Car je n’aurois qu’à rapporter
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1. La simonie de Giezi est rapportée dans le quatrième livre des Rois, V, 20 à 27.
2. Act. Apost. VIII, 18-19 : Obtulit eis pecuniam, dicens : Date et mihi hanc potestatem.
3. B. [esté instruit de vos].
4. W. cum ei Naaman.,.. duo illa talenta tribuisset.
5. B. qu’en pareil cas vos Confesseurs...
