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SIXIÈME PROVINCIALE 51

raison, dit le Pere, vous me faites plaisir. Mais c’est que nous n’avons pas autant de pouvoir sur les Magistrats que sur les Confesseurs, qui sont obligez de se rapporter à nous pour les cas de conscience. Car c’est nous qui en jugeons souverainement. J’entens bien, luy dis-je, mais si d’une part vous estes les juges des Confesseurs, n’estes-vous pas de l’autre les Confesseurs des Juges? Vostre pouvoir est de grande estenduë : obligez-les d’absoudre les criminels qui ont une opinion probable, à peine d’estre exclus des Sacremens; afm qu’il n’arrive 1 point au grand mépris et scandale de la probabilité, que ceux que vous rendez innocens dans la 2 theorie, ne soient fouettez et pendus dans la prattique . Sans cela comment trouveriez-vous des disciples? Il y faudra songer, me dit-il ; cela n’est pas à negliger. Je le proposeray à nostre P. Provincial. Vous 3 pouvez neantmoins reserver cet avis à un autre temps, sans interrompre ce que j’ay à vous dire des maximes que nous avons establies en faveur des Gentilshommes, et je ne vous les apprendray qu’à la charge que vous ne me ferez plus d’histoires. Voilà tout ce que vous aurez pour aujourd’huy ; car il faut plus d’une Lettre pour vous mander tout ce que j’appris en une seule conversation. Cependant, je suis, etc.

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1. P’B. [pas].

2. P’B. théorie, soient fouettez [ou] pendus; W. ...aut.

3. P’AB. [pouviez].

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