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Page:Œuvres de Blaise Pascal, VI.djvu/120

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104 ŒUVRES

Un miracle nouveau signale ta puissance.

Ce miracle etonnant, dans un divin transport,

Me presse de parler par un si saint effort

Que je ne puis sans crime estre encor en silence.


III¹

Ce climat si fertile en diverses beautez,

Bien qu’il n’ait d’ornemens que ceux de la nature,

Qui, sans l’aide de l’art, fait voir de tous costez

Des grandeurs de son Dieu la naïve peinture,

L’Auvergne, en sa Limagne, estant loin de ces monts

Où de sombres rochers, sans fruits et sans moissons,

Ne font voir en tout lieu qu’un affreux precipice,

Renferme un petit mont si fertile et si beau,

Et si favorisé du céleste flambeau,

Qu’on le nomme Clairmont pour luy faire justice.


IV

Une ville en ce lieu, feconde en habitans,

Riche en possessions, et chef de la province,

__________________________________________________________

1. G. Les stances III, IV et V, ont été supprimées, et remplacées par celle-ci :

Il faut donc que ma voix retentisse en tout lieu,

Pour rendre à l’Eternel d’immortelles louanges,

Qui daigne dans nos jours agir vraiment en Dieu,

Tirant les plus grands biens des maux les plus estranges.

Au milieu de l’Auvergne, un enfant de sept ans,

Soit pour son peché propre ou ceux de ses parens,

Ou pour une autre fin, sans qu’ils fussent coupables,

Par l’ordre de celuy qui fait vivre et mourir,

Fut surprise d’un mal si penible à souffrir,

Qu’elle eust louché le cœur des plus impitoyables.