tation : c’est dommage que vous ne vous faites connoistre, et qu’on ne sçait le nom de ce sçavant homme, qui a fondé si solidement sa Theologie sur un soufflet.
Le bruit se répandit il y a peu de jours dans la ville de Compiegne, qu’une personne, dont le nom est assez connu, avoit receu un soufflet d’un Jesuite, que sa rare modestie a rendu aimable aux plus grands du Royaume. Monseigneur de Rhodés ayant voulu s’en informer apprit la fausseté de cette calomnie, de la bouche mesme de celuy qu’on disoit estre l’offensé.
Pendant que ce faux bruit se dissipoit dans Compiegne et se tournoit en risée, le mensonge honteux de se voir découvert, n’osant plus se monstrer aux yeux de la Cour, vous est venu trouver dans vos tenebres, pour vous prier de luy prester ce beau visage, que vous donnez à vos impostures, afin de courir les ruës de Paris.
Vous l’avez bien receu parce que vous l’aimez : vous l’avez accueilly avec joye, et après l’avoir fardé et deguisé, vous l’avez mis au plus beau lieu de vostre lettre et à la teste d’une infinité de faussetés, qui luy font escorte.
Si vous estiez un autheur grave, les Jesuites seroient bien attrapez. Car quelque fausse que soit cette opinion populaire, des-là qu’on la verroit dans vos écrits, vous les obligeriez par la doctrine de la probabilité d’avoüer selon le P. d’Escobar, que c’est une opinion probable secundum praxim societatis.
Mais, Monsieur, on attend le Roy à l’heure mesme que j’ecris cecy : quand il sera arrivé, comment est-ce que ce mensonge masqué et travesti osera paroistre ? que dira-t’on de cet habile Escrivain, qui l’a mis parmy ses cas de Conscience ? que deviendront les instructions Chrestiennes de ce Curé, que vous n’avez fait entrer dans vostre lettre, que parce qu’il n’aime pas trop les Jesuites, et que l’on n’a fait sortir de Paris, que parce qu’il aime encore moins la Religion ? enfin que respondront les Jansenistes, quand on leur reprochera qu’au prejudice de l’innocence, vous avez fait d’un bruit de ville, les decisions de leur morale ?