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QUATORZIÈME PROVINCIALE


Carrerus et Bald. qui permettent de tuer pour sauver sa vie? Je vous declare donc qu’il entend simplement que si l’on peut ¹garder son escu sans tuer le voleur, on ne doit pas le tuer ; mais que si l’on ne peut le ²garder qu’en tuant, encore mesme qu’on ne courre nulle risque de la vie, comme si le voleur n’a point d’armes, qu’il est permis d’en prendre et de le tuer pour ³garder son escu ; et qu’en cela on ne sort point selon luy de la moderation d’une juste defense. Et pour vous le monstrer, laissez-le s’expliquer luy-mesme, tom. 4. tr. 3. d. II. 5⁴ . On ne laisse pas de demeurer dans la moderation d’une juste defense, quoy qu’on prenne des armes contre ceux qui n’en ont point, ou qu’on en prenne de plus avantageuses qu’eux. Je sçay qu’il y en a qui sont d’un sentiment contraire : mais je n’approuve point leur opinion, mesme dans le tribunal exterieur,

Aussi, mes Peres, il est constant que vos Auteurs permettent de tuer pour la defense de son bien et de son honneur, sans qu’on soit en aucun peril de sa vie. Et c’est par ce mesme principe qu’ils autorisent les duels, comme je l’ay fait voir par tant de passages, sur lesquels vous n’avez rien répondu. Vous n’attaquez dans vos écrits qu’un seul passage de vostre Pere Layman⁵ , qui le permet lorsqu’au-

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1. B. [sauver].

2. B. [sauver].

3. B. [sauver].

4. Cf. ce texte de Molina, supra p. 127 sq.

5. Cf. ce texte de Layman, supra T. V, p. 72 sq., et la IIe Imposture, supra p. 121 sqq.