Page:Œuvres de Blaise Pascal, VI.djvu/225

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
209
QUINZIÈME PROVINCIALE


calomnie n'est pas un crime. Ce Pere a trouvé le secret de vous fermer la bouche ; c'est ainsi qu'il faut faire toutes les fois que vous accusez les gens sans preuves. On n'a qu'à répondre à chacun de vous, comme le Pere Capucin, mentiris impudentissimè¹. Car que répondroit-on autre chose, quand vostre Pere Brisacier dit par exemple, que ceux contre qui il escrit sont des portes d'enfer, des Pontifes du diable, des gens décheus de la foy, de l'esperance, et de la charité ; qui bastissent le thresor de l'Antechrist? Ce que je ne dis pas (adjouste-t'il) par forme d'injure, mais par la force de la verité. S'amuseroit-on à prouver qu'on n'est pas porte d'enfer, et qu'on ne bastit pas le thresor de l'Antechrist² ?

Que doit-on respondre de mesme à tous les discours vagues de cette sorte qui sont dans vos livres et dans vos Avertissemens sur mes Lettres³: par exemple, qu'on s'applique les restitutions , en reduisants les creanciers dans la pauvreté : Qu'on a offert des sacs d'argent à de sçavans Religieux qui les ont refusez : Qu'on donne des benefices pour faire semer des heresies contre la foy : Qu'on a des pensionnaires parmy les plus illustres Ecclesiastiques, et dans les Cours Souveraines : Que je suis aussi pensionnaire de Port-Royal ; et que je faisois des Romans avant mes Lettres, moy qui n'en ay jamais leü aucun, et qui

________________________________________________________________

1. Cf. Pensées, fr. 921. T. II, p. 350.

2. Sur ces invectives de Brisacier, cf. supra T. V, p. 298 sq.

3. Cf. les Avertissements qui suivent les Impostures 3e , 5e , 2e , 5e , 6e et 8e . — Voir les 2e et 3e , supra T. V, pp. 350 et 352. — Voir les autres, supra p. 179 sq.


2 e série. III 14