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SEIZIÈME PROVINCIALE


mains, et je feray connoistre que je suis leur seigneur et le vostre.

Oüy, mes Peres, il faut esperer que si vous ne changez d'esprit, ¹il retirera de vos mains ceux que vous trompez depuis si long-temps, soit en les laissant dans leurs desordres par vostre mauvaise conduite, soit en les empoisonnant par vos médisances. Il fera concevoir aux uns que les fausses regles de vos Casuistes ne les mettront point à couvert de sa colere ; et il imprimera dans l'esprit des autres la juste crainte de se perdre en vous écoutant, et en ²donnant creance à vos impostures ; comme vous vous perdez vous-mesmes en les inventant, et en les semant dans le monde. Car il ne s'y faut pas tromper : on ne se mocque point de Dieu³, et on ne viole point impunément le commandement qu'il nous a fait dans l'Evangile, de ne point condamner nostre prochain, sans estre bien asseüré qu'il est coupable⁴. Et ainsi quelque profession de pieté que fassent ceux qui se rendent faciles à recevoir vos mensonges, et souz quelque pretexte de devotion qu'ils le fassent, ils doivent apprehender d'estre exclus du royaume de Dieu pour ce seul crime, d'avoir imputé d'aussi grands crimes que l'heresie et le schisme à des Prestres catholiques et à ⁵des Religieuses, sans

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1. B. [Dieu].

2. B. [ajoutant foy] ; W. assensu probent.

3. Paul. Gal. VI, 7 : Nolite errare : Deus non irridetur.

4. Joan. VII, 14 : Nolite judic are secundùm faciem sed justum judicium judicate.

5. B. [de saintes] Religieuses.