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ŒUVRES


sur le livre de la sainte Virginité fait par un P. de l'Oratoire, que je ne vis jamais non plus que son livre¹ ? Je vous admire, mon Pere², de considerer ainsi tous ceux qui vous sont contraires comme une seule personne. Vostre haine les embrasse tous ensemble, et en forme comme un corps de reprouvez, dont vous voulez que chacun réponde pour tous les autres.

Il y a bien de la difference entre les Jesuites, et ceux qui les combattent. Vous composez veritablement un corps uni souz un seul chef; et vos regles, comme je l'ay fait voir³, vous deflendent de rien imprimer sans l'aveü de vos Superieurs, qui sont rendus responsables des erreurs de tous les particuliers, sans qu'ils puissent s'excuser en disant, qu'ils n'ont pas remarqué les erreurs qui y sont enseignées ; parce qu'ils les doivent remarquer, selon vos Ordonnances, et selon les lettres de vos Generaux Aquaviva, Vitteleschi, etc. C'est donc avec raison qu'on vous reproche les égaremens de vos confrères, qui se trouvent dans leurs ouvrages approuvez par vos Superieurs, et par les Theologiens de vostre Compagnie⁴. Mais quant à moy, mon Pere, il en faut juger autrement. Je n'ay pas souscrit le livre de la sainte Virginité. On ouvriroit tous les troncs de Paris sans que j'en fusse moins catholique⁵. Et enfin

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1. Cf. la dixième Imposture, supra p. 228 et la note.

2. W. Te miror, mi Pater; miror societatem tuam, quæ...

3. Cf. la neuvième Provinciale supra T. V, p. 195 sq., et la treizième, supra p. 41 sq.

4. W. Prœpositorum vestrorumjussu, et Theologorum assensu editis.

5. Cf. Pensées, fr. 929, T. III, p. 365. « Un corps de reprouvez.