question de sçavoir par exemple, si Jesus-Christ n'est
mort que pour les Predestinez. Ils condamnent cela
aussi bien que vous : mais si Jansenius est de ce
sentiment là, ou non. Et c'est sur quoy je vous declare
plus que jamais que vostre dispute me touche peu,
comme elle touche peu l'Eglise. Car encore que je
ne sois pas Docteur, non plus que vous, mon Pere,
je voy bien neantmoins qu'il n'y va point de la foy ;
puisqu'il n'est question que de sçavoir quel est le
sens de Jansenius. S'ils croyoient que sa doctrine
fust conforme au sens propre et litteral de ces
Propositions, ils la condamneroient; et ils ne refusent
de le faire que parce qu'ils sont persuadez qu'elle en
est bien differente : ainsi quand ils l'entendroient
mal, ils ne seroient pas heretiques; puisqu'ils ne
l'entendent qu'en un sens catholique.
Et pour expliquer cela par un exemple je prendray la diversité de sentimens qui fut entre saint Basile, et saint Athanase touchant les Escrits de saint Denis d'Alexandrie¹, dans lesquels saint Basile croiant trouver le sens d'Arius contre l'égalité du Pere et du Fils, il les condamna comme heretiques : mais S. Athanase au contraire y croiant trouver le veritable sens de l'Eglise, il les soùtint comme catholiques. Pensez vous donc, mon Pere, que S. Basile qui tenoit ces Escrits pour Ariens, eust droit de traiter S. Athanase d'heretique, parce qu'il les defen-
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1. N'y aurait il pas là une confusion faite par Pascal entre deux discussions différentes ? Cf. les extraits de l'Apologie pour Saint-Cyran d'Arnauld, supra p. 322 sq.