Page:Œuvres de Blaise Pascal, VI.djvu/58

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42 ŒUVRES

preveu, que le déreglement de vostre doctrine dans la Morale pourroit estre funeste, non seulement à vostre Societé, mais encore à l’Eglise universelle.

Je vous diray cependant que vous ne pouvez pas tirer aucun avantage de l’opinion de Vasquez. Ce seroit une chose estrange, si entre tant de Jesuites qui ont écrit, il n’y en avoit pas un ou deux qui eussent dit ce que tous les Chrestiens confessent. Il n’y a point de gloire à soustenir qu’on ne peut pas tuer pour un soufflet, selon l’Evangile ; mais il y a une horrible honte à le nier. De sorte que cela vous justifie si peu, qu’il n’y a rien qui vous accable davantage ; puis qu’ayant eu parmy vous des Docteurs qui vous ont dit la verité, vous n’estes pas demeurez dans la verité, et que vous avez mieux aimé les tenebres que la lumiere. Car vous avez apris de Vasquez, que c’est une opinion payenne et non pas Chrestienne, de dire qu’on paisse donner an coup de baston à celuy qui a donné an soufflet. 1 Que c’est ruiner le Decalogue et l’Evangile, de dire qu’on puisse tuer pour ce sujet ; et que les plus scelerats d’entre les hommes le reconnoissent 2 . Et cependant vous avez souffert, que contre ces veritez connües Lessius, Escobar, et les autres ayent decidé, Que toutes les défenses que Dieu a faites de l’homicide, n’empeschent, point qu’on ne puisse tuer pour un soufflet. A quoy sert-il donc maintenant de produire ce passage de Vasquez contre le sentiment de Lessius,

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1. B. Que, manque.

2. Cf. la quatrième Imposture, supra p. 7.