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Page:Œuvres de Blaise Pascal, VII.djvu/181

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RÈGLEMENT POUR LES ENFANTS ^ 167

quelque fois les visiter seulement pour les divertir, et se- lon qu'on les trouvera portées à s'entretenir de Dieu, on pourra mesler quelque parole de pieté.

10. Aussi- tost que les Enfans seront guéries, on les fera revenir avec les autres de peur qu'elles ne se dérèglent; ce qui est à craindre dans la jeunesse qui ne demande le plus souvent que la liberté. Mais quoy qu'elles soyent revenues dans la chambre on aura grand soin de les nour- rir et de leur donner du repos autant qu'elles en auront besoin pour le parfait recouvrement de leur santé.

11. Pour les légères incommoditez qui leur survien- nent on leur donnera tous leurs besoins, mais on ne les flattera pas trop. Car il se trouve des Enfans qui font quelque fois semblant d'estre malades. J'en ay veu quel- ques-unes de cette sorte, quoy que par la grâce de Dieu il y along-tems que cela n'est arrivé parmy lesnostres. Mais quand cela arrive, il ne faut pas faire semblant de croire qu'elles nous veuillent tromper, mais au contraire il faut les plaindre beaucoup, et leur dire qu'il est vray et qu'elles sont mal et aussi-tostles mettre au lit dans une Chambre à part avec une Sœur qui les garde, mais qui ne leur parle point du tout, leur disant que cela leur feroit mal de leur parler, et qu'il leur faut du repos. On les met un jour ou deux aux bouillons et aux œufs. Si le mal estoit effectif ce régime leur est fort bon, et s'il ne l'est pas, il est sans doute que dés le lendemain elles diront qu'elles n'ont point de mal : et ainsy on les guérit de leur hypocrisie sans leur donner occasion de murmurer, ce qui arrive quand on leur dit qu'elles n'ont pas le mal dont elles se plaignent, et mesme on les expose à faire des mensonges et à se feindre encore davantage.

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